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L'euphorie des marchés empêche la Fed de relever les taux
information fournie par Reuters 23/04/2019 à 09:07

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. (crédit : Fed)

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. (crédit : Fed)

par Howard Schneider et Trevor Hunnicutt

WASHINGTON/NEW YORK, 23 avril (Reuters) - L'appétit pour le risque domine largement sur les marchés financiers depuis la dernière hausse de taux de la Réserve fédérale, en décembre: les actions américaines sont proches de leurs records historiques et les investisseurs se ruent sur les obligations d'entreprises moins bien notées en acceptant une prime minime par rapport aux titres moins risqués.

Cet état d'esprit devrait satisfaire le président américain, Donald Trump, qui réclame depuis des mois à la Fed une baisse des taux d'intérêt et juge la pause actuelle insuffisante.

Mais justement, en applaudissant cette pause dans le resserrement de la politique monétaire, Wall Street rend plus improbable encore une baisse de taux. Tout comme les bonnes nouvelles récentes sur le front conjoncturel, qu'elles concernent les ventes au détail ou les exportations, qui éloignent le risque d'un ralentissement marqué de l'économie et plaident donc contre une baisse de taux.

Les investisseurs ont semble-t-il bien reçu le message: alors qu'ils anticipaient une baisse de taux avant la fin de l'année, ils n'estiment désormais plus qu'à 50% la probabilité d'une telle décision d'ici le début 2020.

Optimisme exagéré des investisseurs

La situation sur les marchés financiers constitue, pour certains analystes, la preuve que les hausses de taux décidées par la Fed l'an dernier étaient pertinentes et qu'elles ont permis à l'économie de continuer de croître tout en assurant la maîtrise des risques. De ce point de vue, si elle décidait d'une baisse de taux, la Fed favoriserait le retour des difficultés.

"L'argument qui justifie qu'elle laisse sur la table la possibilité d'une hausse de taux, c'est la stabilité financière", a jugé la chef économiste de Citi, Catherine Mann, lors d'une intervention la semaine dernière dans une conférence sur la stabilité financière au Levy Economics Institute de Bard College.

Après une décennie de taux quasi nuls, "évoluer vers une constellation de prix des actifs intégrant le risque est critique pour aboutir à un marché financier plus stable", a-t-elle ajouté, précisant qu'à ses yeux, les cours des actions et les rendements des obligations "high yield" reflétaient un optimisme exagéré des investisseurs.

Dans leurs critiques visant la Fed, Donald Trump, son conseiller économique Larry Kudlow et le possible futur membre du conseil de la banque centrale Stephen Moore arguent du fait qu'une baisse de taux favoriserait une accélération de la croissance et qu'au vu de la faiblesse de l'inflation, la banque centrale n'a pas besoin de maintenir les taux à leur niveau actuel.

Mais cette analyse néglige les craintes pour la stabilité financière prises en compte par la politique de la Fed depuis la crise financière de 2007-2009.

La stabilité financière ne fait pas formellement partie du mandat de la banque centrale américaine, contrairement au plein emploi et à la stabilité des prix. Mais depuis la crise, la Fed a conclu que contribuer à maintenir le calme sur les marchés financiers était une condition nécessaire pour atteindre ses deux objectifs prioritaires.

Cela ne signifie pas la fin de la volatilité, ni celle des pertes pour les investisseurs, mais plutôt que le risque est correctement intégré dans les prix des actifs et que le recours à l'effet de levier - les investissements financés par l'emprunt - reste soumis à certaines limites.

C'est l'une des raisons principales pour lesquelles même les responsables de la Fed les plus attachés au maintien d'un niveau élevé d'emploi, comme Eric Rosengren, le président de l'antenne régionale de Boston, ont parfois adopté un ton favorable à une remontée des taux.

Selon eux, la pire des stratégies pour les salariés américains serait de laisser les marchés monter exagérément, puis rechuter, même si lutter contre une telle issue se traduit par une légère hausse du chômage.

Des marchés "un peu riches"

Les marchés sont actuellement "un peu riches", a estimé Eric Rosengren lors d'un discours prononcé récemment au Davidson College, en Caroline du Nord. Si ce constat ne suffit pas à justifier une hausse de taux, il plaide contre une baisse de taux.

Globalement, les responsables de la Fed, y compris son président, Jerome Powell, disent avoir le sentiment que les risques financiers sont pour l'instant maîtrisés, grâce entre autres aux hausses de taux décidées ces dernières années. La situation des marchés financiers constitue un facteur avec lequel "la Fed doit lutter", a estimé Eric Rosengren. "Une pause des taux d'intérêt est appropriée pour le moment", a-t-il jugé.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)

2 commentaires

  • 23 avril 09:23

    Je trouve le titre de cet article un peu bizarre !


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